« Golo & Ritchie » : un périple à bicyclette plein de tendresse et d’humanité

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Certaines amitiés ont parfois le don de transformer la vie en conte de fées. Celle qui unit Golozer (dit Golo) et Ritchie, trentenaires qui ont grandi ensemble dans le quartier de la Grande-Borne à Grigny (Essonne), l’une des villes les plus pauvres de France, en est une illustration. Ils sont comme deux frères, ne se quittent pas, s’aiment et se le disent, se chamaillent, le poing leste parfois, et partagent tout. Golo entraîne Ritchie, atteint d’un léger autisme, dans ses activités sportives, s’évertue à lui apprendre toutes sortes de choses, les chansons qu’il peine à retenir, les mots qu’il prononce mal, bravant avec une patience d’ange le caractère bien trempé, et parfois hargneux, de son copain.
Cette complicité leur a inspiré, il y a six ans, leurs premières vidéos postées sur les réseaux sociaux. Elles connaissent un succès immédiat, avec de plus en plus de followers (deux millions et demi, à ce jour). Elles prennent ensuite la forme d’une bande dessinée Golo et Ritchie dont le tome I sort en 2023 (Luna Editions) et tapent dans l’œil du producteur Hugo Sélignac. Durant le confinement, il incite Ahmed Hamidi à les regarder. Séduit, le réalisateur se rend à Grigny, et entraîne avec lui Martin Fougerol. Durant deux mois, à raison de deux jours par semaine, les réalisateurs sont revenus, pour discuter, filmer les lascars dans leur quotidien.
Ritchie, muscles saillants, pratique la musculation. Golo, tout en rondeurs, se passionne depuis l’enfance pour le vélo. Hamidi et Fougerol leur proposent un voyage. Relier en tandem Marseille à Grigny, en étant accompagnés d’une petite équipe en vue de réaliser un film pour le cinéma. Le défi est relevé. La promesse tenue. Plus proche du reportage que du documentaire, Golo & Ritchie trahit d’emblée à la fois un manque de moyens et l’urgence dans laquelle fut mené le projet. La réalisation approximative gâche un peu le plaisir. Elle n’entame pas en revanche celui que l’on éprouve à observer, à chaque étape de leur périple, ce duo atypique.
De leur point de départ à Marseille où ces deux « frérots » apparaissent équipés comme des pros du Tour de France, à leur ascension sous la pluie du mont Ventoux (Vaucluse), en passant par les haltes prévues (à la ferme, dans un ranch, au Théâtre antique de Vienne en Isère, dans un hôtel spa), Golo et Ritchie s’accrochent, discourent à n’en plus finir, s’embrouillent, se laissent charmer par ce qu’ils découvrent, profitent de chaque rencontre.
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